Reportaj

Published on august 20th, 2018 | by Marius

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Je voulais crier – Ana Bloom et son projet SOUFFLES/BREATH

« SOUFFLES, BREATH Project , La route des souffles »

par Ana BLOOM
Je voulais crier face à tout ces morts dans la méditerranée quand j’ai commencé « SOUFFLES, BREATH » Project en 2015. Je suis la fille d’un double exilé politique et cette histoire venait faire échos à celle d’un passé douloureux qui a marque ma famille et mon humanité de façon indélébile.
Je me suis isolée en résidence à Marseille pour pouvoir documenter et penser le monde réel à un autre niveau de conscience. La première image fut le début d’une longue série et d’un immense voyage. Le temps que je comprenne ce qui sortait de moi et « SOUFFLES, BREATH Project » est vite devenu cette route photographique, documentaire et énergétique engagée sur les chemins migratoires de mon histoire familiale et de mon nomadisme artistique comme acte politique sur la libre circulation des individu.
« SOUFFLES est une expérience et tentative photographique de rendre visible « l’autre coté ». Un combat photographique se joue ici entre les éléments, l’air, l’eau, le feu, qui interroge notre relation à la terre, à la culture, au Cosmos. Notre place même dans l’Univers.
J’expose ces « SOUFFLES » à l’arrivée de chaque nouvelle destination, où je rentre en résidence artistique pour capter d’autres « SOUFFLES » et ainsi de suite.
Ici mon chemin spirituel et mon travail artistique se rejoignent pour faire oeuvre. Chaque participant offre son souffle en mémoire de quelqu’un qui a perdu son souffle dans la mer méditerranée et se renomme par un prénom qu’il aime et que l’image finale éditée portera comme titre.
Cette expérience photographique à laquelle chaque participant va se livrer va bien au delà d’une séance de portrait ordinaire, elle est ritualisé par le protocole que j’ai mis en place.
Si les cultures, les personnes et les peuples que je rencontre ont des croyances, des rites, des religions qui donneront des interprétations diverses à ces oeuvres. Fondamentalement la compréhension et la confrontation de chaque individu aux éléments et à l’eau en particulier, à quelque chose d’universel qui permet à toutes ces personnes de se relier dans un immense tableau que constituera ce projet de photographie plasticienne qui reflète notre monde d’aujourd’hui une fois achevé.
Ce travail s’effectue sans retouche numérique. Seul un lourd travail de développement et chromatique participe au langage visuel.
La première exposition a eu lieux en galerie et en grand format dans la ville de Marseille. Puis le travail a été exposé à Paris, puis en Espagne. L’Espagne fut exposée en Inde en partenariat avec l’Alliance française, Bonjour India/Institut français et reçu par des musées et des festivals et ainsi de suite.
Le format des oeuvres finalisées sont de 1 mètre par un mètre, plusieurs systèmes de monstration on été envisagé depuis le début de ce projet ; installation sous marine, affichage dans les rues, grand format en ville, installation muséal rétro éclairée, etc.
Si le projet a été largement plébiscité par de nombreux articles tout au long et depuis le début de cette route par la presse artistique et grand public. Il reste encore à franchir quatre destinations historiques et trois autres continents. 

 

Ana BLOOM est artiste, photographe, plasticienne, directrice artistique. Elle est née d’un père réfugié politique ukrainien-russe, cubain, américain et d’une mère française d’origine inconnue. Elevée dans un environnement cosmopolite et universaliste, elle expérimente depuis l’enfance divers modes d’expression artistique et la photographie.
Après une licence d’histoire et un master en Arts visuels et photographie, elle devient très vite productrice de défilés de mode pour Kenzo, assiste de grands photographes à l’instar de Michel Comte, Fabrizio Ferri, Miles Aldrige, Jean-Baptiste Mondino, à Paris, New York, Milan et Londres.
Elle se fait peu à peu un nom et, dès 1998, collabore à Libération, Le Monde, Télérama, Dazed and Confuzed, the Independant, Cosmopolitan, Milk, Kult, Private, etc. Ainsi qu’au Studio Edelkoort.
Des marques prestigieuses dans l’univers du luxe, de la beauté, de la mode ou de la musique, lui confient leur image : Hermès, l’Occitane, EMI, Virgin, Naïve, le label Tôt ou Tard, Vanessa Bruno, etc.
Tandis que ses recherches personnelles explorent davantage les questions d’identité ou encore la relation de l’homme à la nature et l’environnement, l’histoire et les questions spirituelles liées à notre temps. Elle n’hésite pas, pour ce faire, à bousculer le « spectateur » avec des propositions visuelles défiant les règles communément admises d’une esthétique qui se voudrait avant tout – et parfois uniquement – séduisante.
Parallèlement, Ana BLOOM intervient auprès d’institutions culturelles créant, par exemple, des ateliers avec des enfants défavorisés autour des droits de l’enfant et de la charte de l’UNESCO.


Elle crée les ateliers artistiques « FRONTIERES VOISINES » pour lutter contre les inégalités sociales. Elle expérimente avec succès en France en 2014 et en Inde avec le soutient de l’Institut français, « Bonjour India » et l’Alliance française lors du festival « THE STORY OF SPACE « en 2017.
Elle intervient aussi en tant qu’enseignante dans des écoles d’art au niveau master.
Son travail, publié par diverses revues artistiques, PRIVATE, KULT, l’oeil de la photographuy, Afrikadaa, etc. Il fait aussi l’objet d’expositions à la galerie Mourlot (New York, 1994), Marie de Paris (2014), à l’Hôtel de Sauroy à Paris (2016), au centre d’Art du 6B à Saint Denis (2017), au Palace Adil Shah de Panjim (Goa, Inde) avec le festival « The Story of Space » (2017), au Musée Jahawar Kala Kendra de Jaipur (Inde, 2017), en Tunisie lors du festival « DjerbaDream » (2018), intégrant par ailleurs le fonds d’art contemporain public de la Seine-Saint-Denis (France), la collection Berezdivin (Puerto Rico) ainsi que d’autres collections privées.

 

 Sandra de Vivies sur « SOUFFLES, BREATH Project »

Souffle (définition) > Air qu’on chasse par la bouche en expirant plus ou moins fortement. > Inspiration de l’écrivain, de l’artiste. > Energie qui constitue et anime à la fois les êtres et le cosmos.
Jouent-ils ? Non, souffler n’est pas jouer. Est-ce leur premier, leur second ou leur dernier souffle ? Car en matière de souffle il convient de compter. D’autant que cela compte de souffler : pas de souffle, pas de vie. Et s’il vient à manquer il faut faire vite… 24 secondes, c’est le temps que dure la pièce du dramaturge Samuel Beckett, Breath. La plus courte de ses oeuvres, la plus vue également. Donner le souffle en représentation, pourquoi? Placé hors de son milieu naturel, celui-ci quitte le champ du réel. L’artiste Ana Bloom recourt au même subterfuge, l’eau se substituant à la scène dans le rôle de l’élément perturbateur. Ici et là, l’expérience humaine la plus universelle qui soit, à savoir respirer, prend une dimension surnaturelle, interrogeant sa raison d’être, la vie-même. Empêchés, les protagonistes de cette série photographique, luttent pour survivre en milieu hostile. « La tête sous l’eau », ils surnagent comme ils peuvent. Certains y verront une métaphore de la dureté voire de l’inhumanité des conditions de vie aujourd’hui. Un motif largement présent dans le travail d’Ana Bloom qui, jeune historienne, consacrait son mémoire au logement social, avant de s’intéresser aux banlieues puis à la place, grignotée de tous côtés, de la nature dans nos sociétés contemporaines. Ces femmes, ces hommes, cette petite fille, Blanche, qui donne le «la» chromatique à cette série de portraits immergés et très picturaux, possèdent un nom, une identité, mais leur visage est flouté. L’humanité vacille, distorsion des contours, explosion des pigments, plasticité des traits et de la peau… Mais n’abdique pas. Dans l’interstice entre surface et profondeur, le souffle, singulier à chacun, agit comme un filtre photographique : les bulles modifient l’image à l’aune des comportements individuels sous l’eau. C’est la part de l’oeuvre qui échappe – volontairement – à l’artiste, manière de faire échec à toute tentative de programmation comme d’indifférenciation des êtres. Dans cette ambiance diaphane, méditative, ne nous y trompons pas, le silence est de résistance. Une résistance solaire. L’homme a encore de beaux jours devant lui. Touché, mais pas coulé.

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